Entretien avec Isabelle Hirtzlin
Isabelle Hirtzlin est MCF en sciences économiques à l’Ecole d’Economie de la Sorbonne (EES) et rattachée au Centre d’Economie de la Sorbonne (UMR Paris 1 – CNRS 8174) avec une spécialisation en Economie de la santé et de la Protection Sociale. Elle a dirigé la licence d’économie de 2016 à 2020 et est actuellement référente Handicap pour l’EES.
Elle a récemment publié : Hirtzlin, I. (2024). "Paradoxes d’une approche centrée sur les ressources et l’efficience des établissements de santé. L’exemple de la chirurgie ambulatoire". Economie appliquée, 1(5), 70-95. Ses publications sont accessibles sur sa page hal, accessible en cliquant ici.
Sur quoi portent vos recherches actuelles ?
Mes recherches actuelles portent sur les thématiques organisationnelles concernant l’accès aux soins des patients. Je termine actuellement un projet de recherche financé par le Ministère de la Santé (DREES-Mire) qui s’intéresse au rôle des outils et plateformes numériques dans la coordination des soins des patients atteints de maladies rares. J’ai auparavant travaillé sur l’organisation et la tarification des soins dans le domaine de la chirurgie ambulatoire en lien avec la Haute Autorité de Santé (HAS). Je vais également participer à une expertise sur le dépistage de la tuberculose.
Comment en êtes-vous venue à vous intéresser aux questions de santé et de protection sociale dans votre parcours de recherche ?
Ma thèse de doctorat était déjà axée sur la thématique Santé puisque j’avais obtenu un financement du ministère de la Recherche pour effectuer une recherche en économie de l’innovation médicale, qui portait sur le transfert des résultats de la recherche biomédicale vers la production hospitalière de soins. Mon intérêt pour la protection sociale est plus récent et date de 2019 lorsque l’on m’a confié la responsabilité d’un enseignement de licence portant sur cette thématique.
Comment intégrez-vous les problématiques de santé aux enseignements que vous dispensez à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ?
Le cours de Protection sociale de L1 comprend un chapitre sur les grands enjeux associés à la santé, on y développe une analyse des comptes de la santé, mais également une introduction aux principes de l’assurance sociale. Par ailleurs j’enseigne en M1 dans un cours intitulé Health Economics pour des étudiants français et étrangers des masters Economie internationale et Economie du Développement. Enfin j’enseigne l’économie de la santé dans deux Master 2 (Cadres de la mutualité, des assurances et de la prévoyance et chargés d’études économiques et sociales). Les enseignements dispensés essaient de cadrer au plus près aux thématiques et objectifs généraux de ces différents masters (développement, assurances, incitations, nudges…).
Dans quelle manière pensez-vous que la recherche en économie peut contribuer à la réflexion sur les grands enjeux sanitaires contemporains ? Comment peut-elle, selon vous, dialoguer avec les autres disciplines ?
Les enjeux sanitaires contemporains comprennent souvent une dimension santé publique (accès au dépistage, à la vaccination, aux médicaments, à l’hôpital, à l’assurance universelle…) qui sont très étroitement liés aux questions relatives au financement ou à la tarification de ces actions, mais également à la manière dont on met en place une organisation efficace pour en permettre l’accès au plus grand nombre. Organisation et financement mais également incitations sont des thèmes pour lesquels la boîte à outils des sciences économiques est très utile. Par ailleurs la recherche en économie est très liée aux politiques publiques que l’on souhaite mettre en place sur le terrain. Mais le transfert n’est pas toujours facile et direct. Publier ne suffit pas ! C’est pour cela que je me suis souvent associée en tant qu’experte ou cheffe de projets à des institutions susceptibles d’évaluer et de mettre en œuvre les politiques publiques de santé (Cour des Comptes, Direction Générale de l’Offre de Soins, Caisse Nationale d’Assurance Maladie, Haute Autorité de la Santé). Dans ce cadre, il faut souvent travailler en étroite collaboration avec des médecins, des sociologues, des épidémiologiques ou des gestionnaires dont la vision complète et enrichit celle des économistes.