Journées d’études « Respirer. Perspectives transversales en SHS sur l'air (XVIIIe-XXIe siècles) » - 24 janvier et 28 mai 2024.

Inscription pour Respirer II - 28 mai 2024

Organisation : Chaire Santé-SHS - avec le soutien du CAK et du CHS

  • Léa DELMAIRE, Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Judith RAINHORN, titulaire de la Chaire (CHS)
  • Marie THEBAUD-SORGER, Centre Alexandre-Koyré (CNRS-EHESS-MNHN)
  • Charles-Antoine WANECQ (CNRS, CHS)

Au printemps 2020, en quelques semaines, la pandémie de Covid-19 a fait prendre la mesure aux sociétés du monde entier de la dimension profondément politique d’un phénomène physiologique indispensable à la vie : la respiration. Échanges d’air réalisés par un individu avec son environnement, la respiration place le corps biologique en interaction permanente avec le corps social, comme pratique quotidienne et permanente et comme objet de discours et de pensée. Aux discours savants des chimistes, des hygiénistes et des médecins s’articulent ceux des industriels, des politiques et des populations pour définir et catégoriser la respiration sur la longue durée. Les sciences sociales permettent de penser l’évolution de ces catégories et des pratiques liées à la respiration, et ainsi de qualifier les interactions entre intérieur et extérieur du corps.
L’émergence au XVIIIe siècle d’une nouvelle conception de l’air et des échanges gazeux réalisés par le corps humain pour vivre conduit à interroger les frontières de la vie biologique. Elle renvoie d’abord aux débats sur les signes de la mort qui ont rendu possible l’idée de réanimation des asphyxiés et des noyés. La question de la respiration se recompose à partir du XIXe siècle autour des maladies respiratoires (tuberculose, silicose, cancer du poumon …) et de leurs représentations sociales. Progressivement érigé en enjeu sanitaire majeur des sociétés contemporaines, la qualité de l’air inspiré dépend de facteurs liés au climat, à la topographie et aux activités humaines (économie, transports, usages des énergies…), durablement transformées par l’industrialisation. Protéger et se protéger d’un air potentiellement dangereux renvoie aux stratégies développées pour vivre et travailler dans des environnements hostiles (mines, industrie chimique, altitude, sous-marins…), dont la perception en termes de pathogénicité, d’air « vicié » opposé à un air « pur », ou de risques doit être interrogée. Pour lutter contre ces menaces, mais aussi permettre le maintien de la vie des personnes en détresse vitale, les dispositifs respiratoires (masques, respirateurs, scaphandres, poumons d’acier) témoignent autant de l’évolution des techniques que d’une volonté de conquérir de nouveaux espaces, qu’ils soient sous-marins, en altitude ou extra-terrestres.
En se nourrissant des apports d’une littérature désormais abondante en sciences sociales sur les pollutions de l’air, il est enfin possible de replacer l’enjeu de la respiration dans les débats sur les communs et le partage de l’air comme condition et conséquence de la vie en société. Si l’air est invisible, certains phénomènes comme les brouillards ou les fumées rendent en effet sensible sa toxicité et révèlent les tensions qui traversent les sociétés humaines. Les conflits autour de cette mise en commun de l’air, résultat d’une co-fabrication entre respirant·es, sont un révélateur des inégalités sociales à différentes échelles. En ce sens, la revendication d’un droit à respirer s’inscrit dans un processus plus large de dénonciation de certaines formes de domination, tout en érigeant la santé en valeur essentielle des sociétés contemporaines.
Envisager la respiration comme objet historique permet d’articuler plusieurs champs, de l’histoire de la santé à celle des sciences, des techniques et de l’environnement, sans négliger la place de l’histoire sociale et des représentations pour replacer la question des interactions au cœur de la réflexion. Ces journées d’étude ont aussi pour ambition de faire dialoguer l’histoire avec les autres sciences humaines et sociales, ainsi qu’avec d’autres disciplines (biologie, médecine, toxicologie, etc). Une première journée, organisée le mercredi 24 janvier 2024, ouvrira la réflexion sur la notion de respiration dans le temps long (XVIIIe-XXIe siècle) et ses implications en termes de savoirs et de transformations sociales. La seconde journée, prévue le mardi 28 mai 2024, envisagera de manière plus spécifique la question des dispositifs respiratoires articulée à celle des espaces, dont la qualité et le renouvellement de l’air sont pensés et discutés par les sphères savantes et par les sociétés qui les occupent.

Programme et informations sur la première journée à retrouver ici ou à télécharger au bas de cette page.

p. 1 du programme. Voir en bas de la page pour télécharger le programme en format word, accessible
p. 2 du programme. Voir en bas de la page pour télécharger le programme en format word, accessibl
p. 1 du programme. Voir en bas de la page pour télécharger le programme en format word, accessible
des étudiantes portant des masques chirurgicaux dans un amphitéâtre
Amphitéâtre de Paris 1, public masqué, 2020
Pascal Levy

24 janvier et 28 mai 2024



 

Campus Condorcet - Aubervilliers

Centre des colloques du Campus Condorcet

Place du Front populaire, Aubervilliers, salle 100