Projet Alliance Columbia University, Ecole Polytechnique, Institut d'études politiques Sciences Po, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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Projets Alliance Columbia et RI-EXIT sur les pollutions au plomb et les inégalités territoriales de santé

Sur les traces des métaux lourds. Étudier les héritages toxiques au croisement de l’histoire et de la géochimie : Les projets Alliance Columbia et RI-EXIT (CNRS).

« Plomb, où te caches-tu  » ? Spécialiste en histoire urbaine, histoire de la santé et de la santé au travail, l’historienne Judith Rainhorn propose de poursuivre l’enquête sur les traces des métaux lourds en milieu urbain à partir d’un nouveau cas d’étude : la pollution au plomb autour de l’ancienne usine Exide à Lille (Nord).

Depuis 2024, Judith Rainhorn (Centre d’Histoire sociale des mondes contemporains, UMR 8058) collabore avec le géochimiste Lex Van Gee (Lamont Doherty Earth Observatory, Columbia University / Institut de Physique du Globe de Paris, UMR 7154) et contribue à bâtir un réseau interdisciplinaire visant à étudier les rapports des milieux urbains avec leurs héritages toxiques, entre surveillance et régulation. Lauréats d’un premier projet financé par Columbia University dans son dispositif Alliance, les deux expert.e.s ont déjà proposé une analyse comparative de l’évolution de la réglementation environnementale sur le plomb en France (Paris) et aux États-Unis (New York). Ce travail a permis d’organiser deux rencontres au sein de workshops, le 17 mai 2024 et le 30 octobre 2024 et de réfléchir aux enjeux du dialogue entre les SHS et les sciences expérimentales ainsi qu’aux effets des comparaisons internationales. 

Le projet RI-EXIT (Réseau Interdisciplinaire - EXposition des populations urbaines aux métaux lourds et Inégalités territoriales) propose de développer ces réflexions en se concentrant sur les inégalités territoriales d’exposition aux toxiques et déplace la focale vers un nouvel espace : la métropole lilloise. Depuis la fin du XIXe siècle, la ville est aux prises avec les rejets de plomb de plusieurs sites industriels dont les usines d’accumulateurs électriques au plomb (batteries) Tudor. Encore aujourd’hui, les rejets provoqués par ces établissements - devenus les usines Exide - soulèvent plusieurs questions auprès des acteurs associatifs et communaux locaux. En 2024, l’association locale de résidents «”Après !”» se mobilisait pour obtenir de nouvelles analyses de sols afin de mesurer les niveaux de plomb dans les jardins à proximité du site industriel. 

Le projet RI-EXIT entend engager une action de dépistage à l’échelle locale en croisant les outils et les informations de l’analyse historique avec ceux de la toxicologie. Ce projet doit aussi être l’occasion de consolider les liens émergents entre les SHS et les sciences expérimentales et d’intégrer de nouveaux membres dont les chercheuses Suanna Oh (Maîtresse de conférences en Économie à Paris School of Economics) et Aurélie Pelfrêne (ingénieure de recherche en Toxicologie de l’Environnement à Junia-Isa, école d’ingénieurs membre du Laboratoire Génie Civil et géo-Environnemental, LGCgE, Lille). Il sera complété par une enquête collective de terrain menée par un groupe d’étudiant.e.s en Master d’Histoire (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) dans le cadre du séminaire « Histoire, sciences sociales et santé : la ville et ses pollutions » (2025-2026) : l’enquête donnera lieu à une restitution sous la forme d’une visite urbaine publique sur l’héritage toxique dans la ville de Lille.